Séance plénière du 19 octobre : Gaëtan Levitre intervient.
Dans l’Assemblée départementale ce matin, il y a eu du sport encore une fois.
Sur 3 vœux proposés (les seuls de toute la matinée) par le groupe CEC, un seul fut voté. C’est celui contre la SAPN et en soutien aux usagers qui risquent leurs vies chaque jour à la sortie 20 de l’A13 à Criquebeuf-sur-Seine.Vous avez l’occasion de porter plainte et de signer la pétition sur la page Facebook : La sécurité avant tout.
Un vœu pour l’organisation d’une pétition qui réclame à l’Etat les sommes dues à la collectivité a été également refusé par la droite (abstention du groupe PS).Enfin un dernier (que nous portons à votre connaissance ci-dessous) fut déposé pour soutenir la lutte des salariés d’Altuglass qui risquent de voir leur entreprise fermer. La droite a refusé de le voter pour des raisons uniquement politiciennes. Pour eux, notre proposition est sous influence communiste comme les syndicats d’ailleurs. Voilà ce qu’a pu dire le maire de Gisors, Alexandre Rassaërt, qui n’a même pas daigné recevoir une délégation des salariés de cet établissement.
Discours prononcé par Gaëtan Levitre
Monsieur le Président, chers Collègues,
Dans le temps imparti que vous attribuez à notre groupe, permettez-moi d’intervenir devant vous sur deux sujets majeurs qui traversent notre Département. Le premier, sur la demande de salariés, concerne l’emploi avec, encore une fois, une entreprise qui veut fermer ses portes alors même que des solutions permettraient sa pérennisation : il s’agit d’ALTUGLAS à Bernouville.
Filiale du groupe ARKEMA qui affiche fièrement un chiffre d’affaire de 1 871 Millions d’Euros au 1er trimestre 2015, cette décision aura pour conséquence le licenciement direct de 39 salariés sans compter les sous-traitants.
Dans un contexte compliqué, brouillé, où l’emploi fond au soleil, est-il normal, mes chers collègues, qu’un groupe refuse d’entendre les propositions faites pour le maintien d’activité et d’emploi sur ce site ? Qu’est-ce qui motive un tel empressement de fermeture ? Pourquoi ne pas entendre les salariés qui demandent la mise en place d’expertises économiques fiables avant toute action irréversible ?
Depuis 1975, ce site subit des plans de restructuration en cascade, vidant ainsi toutes les spécificités fabriquées à Bernouville. 560 salariés depuis cette époque ont essuyé les pots cassés et sont retournés à la case chômage. 39 actuellement font tourner cette entreprise.
Les conséquences qu’entraineraient dans sa chute mortelle la direction d’Altuglas sous les ordres d’Arkema sont immenses.
Une conséquence industrielle, c’est une évidence.
Une conséquence économique, tragique, dans un contexte plus que défavorable. Des pertes financières subies par les collectivités territoriales auront encore un peu plus un impact néfaste sur la vie de nos concitoyens vivant dans ce bassin de vie.
Une conséquence sociale : le secteur de Gisors – Etrépagny est une zone sinistrée en matière d’emplois et d’industries. Dans cette entreprise, la moyenne d’âge des salariés est de 50 ans : imaginez les difficultés cumulées pour prétendre à un retour rapide à l’emploi.
Et comme Altuglas ne manque pas d’humour grinçant, elle propose des reclassements bien sûr, mais sur des sites bien loin d’où vivent les salariés concernés. Des propositions à l’étranger ont été faites. Imaginez l’ambiance lorsqu’on annonce à quelqu’un qui a déjà subi un plan de restructuration en 2009, qui déjà accepté de nombreuses mutations, de vendre tous ses biens pour désormais finir une hypothétique carrière professionnelle loin de ses racines. Ce n’est tout simplement pas acceptable !
Enfin, des conséquences environnementales et sanitaires.
Depuis l’implantation d’Altuglas à Bernouville en 1945, des tonnes de produits chimiques très nocifs sont déversés sans relâche dans le sol. Quelques exemples : colles, résines, cyanolates, cyanures, plomb, acrylates, méthacrylate de méthyle. Toutes ces substances ont été manipulées, exposées sans qu’aucune protection ne soit prévue, sans aucune fiche toxicologique à disposition.
Qui dépolluera si Altuglas abandonne ce site ? Vous ? Nous ? Par nos impôts ? Ironie de l’histoire, nous savons qu’Arkema a touché plus d’un milliard d’Euros de Total pour dépolluer ses sites industriels… Où est donc passé cet argent ? Dans cette situation, la santé professionnelle et post-professionnelle est engagée.
Monsieur le Président, je sais tout à fait que nous n’avons pas l’entière compétence en matière de développement économique, mais quand même. Ne pensez-vous pas qu’il faille défendre, supporter, soutenir, faire force de persuasion autour de nous pour que la verrue chômage commence sa cryogénisation ? Si oui, alors le traitement doit suivre la prescription que nous, élus de la République, pourrions délivrer. A notre échelle, j’espère pouvoir compter sur vous tous pour accepter de délivrer en notre nom une ordonnance de soutien qui pourrait s’incarner par le vœu que notre groupe vous a déposé en ce début de séance.
Enfin, je termine mon intervention très rapidement par un sujet tout aussi important. Il s’agit des nombreux problèmes qu’engendre la sortie 20 de l’autoroute A13 à Criquebeuf-sur-Seine. Vous le savez, depuis 5 ans, beaucoup de collectivités ont formulé l’espoir qu’enfin la SAPN s’engage à faire les travaux nécessaires pour mettre ses usagers hors du danger d’un accident mortel. Rien n’a été fait même si, en son temps, ce groupe avait promis de participer au frais engendrés par des travaux de fluidification. Oui, pour des raisons uniquement spéculative, la SAPN préfère engager la sécurité des automobilistes qui empruntent cette portion d’autoroute. Et au-delà de cet aspect majeur, le flux important occasionne des files d’attentes insupportables aux heures de pointes quotidiennement. Monsieur le Président, vous siégez au Conseil d’administration de la SAPN. A ce titre, nous vous demandons de tout faire pour appuyer les revendications des usagers.
Mes Chers Collègues, voilà une dizaine de jour, nous avons donné la parole aux habitants, et aux usagers. Plus de 150 ont répondu présents et sont venus devant la gendarmerie de Pont de l’Arche, solidaires qu’ils étaient avec ceux qui ont porté plainte contre la SAPN pour mise en danger de la vie d’autrui. Avec un avocat, Maître Verdier, il est désormais possible de porter plainte directement en téléchargent un imprimé à adresser à Madame le Procureur d’Evreux. Tout ça se passe sur une page Facebook du nom de « La sécurité avant tout » qui récolte à ce jour plus de 5 000 personnes qui ont vu ce texte. Il se passe donc quelque chose. C’est la raison pour laquelle, je vous demande, mes Chers Collègues, de voter unanimement ce second vœu qui vous sera proposé par notre groupe en fin de séance pour qu’enfin la SAPN assure la sécurité de ses usagers.
Je vous remercie de votre attention.
Vœu refusé par la droite : soutien aux salariés d’Altuglass