Section de Vernon
Hommage à Pierre Semard
Vernon, le 7 mars 2016
Intervention de Jean Luc LECOMTE
Mesdames, Messieurs,
Cher-e-s ami-e-s, chers camarades,
Il y a un peu plus de six ans, nous inaugurions cette place Pierre Semard.
En ce jour du 7 mars 2016, nous commémorons le soixante quatorzième anniversaire de l’exécution par les nazis de ce dirigeant syndical et politique.
Pierre Semard est né le 15 Février 1887. Son père est cantonnier au chemin de fer, sa mère travaille comme garde-barrières. En 1898, à 11 ans, certificat d’étude en poche, il commence à travailler pour un notaire dans l’Yonne.
Après avoir occupé divers emplois, notamment à Paris, il entre au chemin de fer en 1912. Il est alors employé à Valence au secrétariat du chef de gare. C’est au contact du monde cheminot que Pierre Semard rejoint l’action syndicale. Il sera élu plus tard secrétaire général de la fédération CGT des cheminots.
Pierre Semard, homme de Paix est un des créateurs du « comité d’action contre l’impérialisme et la guerre ». Il anime la lutte contre l’occupation de la Ruhr par les troupes françaises et est arrêté en 1923, avec d’autres militants, puis incarcéré pendant plusieurs mois.
La même procédure se renouvellera à son encontre en 1927 pour son action contre la guerre au Maroc.
Alors que notre pays est en guerre, qu’il est engagé en Syrie dans un conflit qui a créé en cinq ans une situation humanitaire catastrophique, avec plus de 260 000 personnes qui ont péri et des millions qui sont poussées à fuir au péril de leur vie, l’action de Pierre Semard pour la Paix est pour nous un exemple.
Rien n’est en effet plus urgent que de construire la Paix et si la France a été violemment frappée par le terrorisme, rien ne justifie à ce jour ni la poursuite de l’état d’urgence contre laquelle viennent de se prononcer les députés communistes ni l’honteuse déchéance de nationalité.
En 1936, le Front populaire dont nous fêtons cette année les 80 ans, triomphe. Pierre Semard, obtient de Léon BLUM qu’il fasse pression sur les compagnies de chemin de fer pour l’obtention de 21 jours de congés payés et la semaine de 40 heures. Le 1er janvier 1938, lors de la création de la SNCF, Pierre Semard, devient l’un des quatre administrateurs salariés, pour une courte durée. En effet, en décembre 1938, il est révoqué de son poste pour avoir appelé à la grève.
A ce moment de l’intervention, je pense aux 8 de Goodyear, militants CGT condamnés à 9 mois de prison ferme pour avoir défendu leur emploi. Nous le réaffirmons avec force, les syndicalistes ne sont pas des voyous et les 8 de Goodyear peuvent compter sur notre soutien actif ! Pierre Semard propose, dès la création de la SNCF en 1937 et dans les mois qui suivirent, une réorganisation des réseaux, accompagnée d’une coordination de tous les moyens de transport, dans l’intérêt des usagers et de la collectivité. Alors que la France, l’Europe, le monde sont affectés par les conséquences de la crise du système capitaliste, la défense des services publics qui a toujours été au centre de l’action de Pierre Semard, prend pour nous une dimension nouvelle. C’est particulièrement vrai en matière de santé alors que la ministre poursuit la casse de l’hôpital public, alors même que nous venons de célébrer les 70 ans de la Sécurité sociale.
C’est vrai aussi pour le transport ferroviaire alors que se dégrade le transport des voyageurs, en particulier à Vernon, et que s’effondre le fret ferroviaire.
Oui, l’heure est à la résistance mais aussi la conquête de droits et d’acquis sociaux nouveaux. C’est ce que diront avec force les cheminots dans l’action le 9 mars.
Rendons hommage à la mémoire de notre camarade en réaffirmant notre volonté inébranlable de mener ce combat qu’il a mené jusqu’au dernier souffle.
Et le combat d’aujourd’hui, c’est le combat contre le projet de loi El Khomri et le dynamitage du code du travail qu’il prépare.
La société française et tout particulièrement sa jeunesse qui refuse un avenir de précarité, mais aussi ses salariés, ses privé-e-s d’emploi, ses retraités, qui manifesteront également le 10 mars, expriment leur opposition à ce texte rétrograde. Ils le diront avec force le 9 mars prochain, dans la rue et, dans l’Eure, à 12h00, devant la Préfecture d’Evreux. Ce dont le pays a besoin, c’est d’une mobilisation nationale pour la création d’emplois en reprenant le contrôle de l’argent public versé sans aucune contrepartie en terme d’emploi aux entreprises et qui va directement dans les poches des actionnaires.
Nous devons également amplifier le débat avec nos collègues, nos voisins, nos amis sur la nocivité du programme du FN. Non seulement ce programme est un programme antisocial qui vise le monde du travail et les militants syndicaux mais il s’en prend gravement aux droits des femmes qui devraient rester à la maison avec des revenus inférieurs au minimum vieillesse et pour qui l’IVG ne serait plus remboursé par la Sécurité sociale. Pensons-y à la veille de la journée internationale des droits des femmes !
Oui, c’est être fidèle au combat de Pierre Semard contre le racisme et le fascisme que de se mobiliser aujourd’hui contre l’extrême droite.
Pour terminer ces quelques mots d’hommage, je terminerai en citant Pierre Semard :
Une occasion inespérée me permet de vous transmettre mon dernier mot, puisque dans quelques instants je serai fusillé.
J’attends la mort avec calme. Je démontrerai à mes bourreaux que les communistes savent mourir en patriotes et en révolutionnaires.
Ma dernière pensée est avec vous, camarades de lutte, avec tous les membres de notre Grand Parti, avec tous les Français patriotes …
Je meurs avec la certitude de la libération de la France.
Dites à mes amis, les cheminots, que ma dernière volonté est qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis.
Les cheminots me comprendront ; ils m’entendront ; ils agiront; j’en suis convaincu.
Adieu, chers amis, l’heure de mourir approche. Mais je sais que les nazis, qui vont me fusiller, sont déjà vaincus et que la France saura poursuivre le grand combat.
Je vous remercie.